Gau on, ongi ettori

Ça y est, nous sommes de retour. Après le camino des coquilles, l’Asturias, l’éternel vent de face, le cidre tombant du haut de l’épaule jusqu’au verre, la Lechuza des camarades, la tortilla de Unai, les feux paillards de la Saint-Jean, l’Euskadi.

On est revenu par la maison d’où l’on fut expulsé il y a un an, après y avoir passé de longs mois. Ces mêmes mois qu’on a passé dehors, en nomade autour de la méditerranée, ou en Nouvelle-Zélande ou en Inde, ou partout où le Rhizome pousse. Et une fraise, bien rouge et sucrée, avait poussé en notre absence, dans le fameux potager du BAB-3000. Non fallait pas nous la faire à nous, que ça soit dans l’extrême-gogo, l’Ultra-Précaire ou la cagette du Joker, on trouvera de quoi, au panache.

Confettis sur la route, paella, amour, piscine, camembert, merci à la famille Vuquin pour la fête, à Marc pour le turbot au bord de l’eau, à Alex pour l’escorte. C’est que ça fait plaisir d’écrire des noms d’ami-e-s. Oasis et prière. Souvenirs éprouvés. On a eu le temps de toucher les choses du fonds, de soi-même et de plusieurs mondes. La suite va se dessiner tranquillement. Beaucoup d’images et de lignes, et de fenêtres pour s’aérer la tête;

Pour une libre circulation des peuples, no border radical, avec nos deltaplanes sur roues on traverse les mers montagneuses des frontières, à l’heure où les crevettes congelées peuvent plus voyager que nos semblables. Ouvre. Ouvre. Accueil. Donne.

Et le reste se trouve entre nous tous, à discuter durant les vacances. Comme on est proche il est plus joli de partager à même la voix. La bise.

Multo’pedalao

Bientôt déjà voilà qu’on est presque revenu, bientôt, au passé les montagnes du Rif, ses femmes couvertes de tissus mystiques qui sèment dans les champs, ses vallées enchantées regorgeant de cols pour nos gambettes, on a revu les plages de la med´, au sommeil et au soleil, on a parcouru encore un peu et pas assez les médinas, Tanger haut-lieu et pourtant si proche du loup de l’Europe, ça se passe là-bas, tout l’Afrique dans la banlieue Boukhalef, mon frère et ma sœur, chacun fait la prière si il veut puis on mange en famille dans le grand plat rempli de riz et de poissons épicés à la camerounaise, souvent on « pose les tapis » à l’ombre de vieux murs pour se reposer, toujours on boit le thé, comme avec nos amis punk de Ouarzazate, shouf regarde Anti-com et Zwm pour tes oreilles, merci à eux, choukrane encore.

Puis on quitte le Mahgreb, ni à la nage ni en zodiaque comme voudraient le faire nombre de valeureux, mais en ferry occidental filtre douane, dès lors ça n’est plus la même vie qui agite les espaces, l’Andalousie nous est chaleureuse par son cagnard, et oui ses fêtes, feria d’anniversaire et son lot d’offrandes, ô le bon jamon, ah le bon vin entre deux rivières dans la pampa asséchante, les heures estivales viennent avant l’heure, on recommence à pédaler quand elles se refroidissent.

Quand nous arrivons au Portugal, cela se tempère, nous pouvons pique-niquer devant les châteaux de l’Alentejo, apprécier les nombreuses spécialités locales, Supertubos et Lisboa, drogue boulangerie pâtissière, Aveiro et Porto, et l’incalculable générosité des gens du pays, prêts à faire déborder l’humain sur le reste, la générosité riante comme automatisme pour se sortir de la pauvre banalité, de l’instant isolé au moment prodige, alors encore merci super-bock-boogie-cool à Hélios et sa famille, à Victor et tant d’autres, obligado, nous avons passé la frontière avec un bouquet de fleurs sur la cagette et dans les mémoire …

Aussi, il y a nos humains à nous sur leurs vélos d’acier, d’un acier parfois plus solide que celui qui le trimballe. Mais on ressoude, on répare, on re-graisse. Et on retrouve le camarade Yan après ses aventures en solitaire, plein d’histoires et de bocadillos à partager.

Alors on garde le bronzage et la gueule solaire, le duende au guidon, on suit le camino de Compostelle et ses sympathiques pèlerins, à travers les dernières milles bornes avant d’atteindre la dizaine au compteur, avant le tour de France sur canapé, les retrouvailles arrosés, avant l’on ne sait quoi qui nous attends…

Hasta’bun dia

Roubz zitlaoud

Oui ça va, ca fait longtemps hein, et le voyage dure longtemps, ça va, on a trouvé la carte secrète, on a été dans le Sahara dormir dans les dunes de sables de scorpions jaunes, grâce à l’association du cyclisme de Douz, vive l’association du cyclisme de Douz, les pneus dégonflés roulent sur les pistes, le pain cuit aux cendres sur le sable, et on boit le legmi en partageant des chansons amazighs, rien qu’à les regarder sourire après la prière ça vous rappelle dieu, vous donne la force d’affronter souffle de sable sur l’asphalte, avec notre camarade Pablo cyclotouriste chilien, vive le cyclotourisme chilien, et plus de désert, de ksar de source chaude, de Sahara sous les étoiles, et nous dimanche dernier on a voté souk médina zad partout, le miel de thym romarin dans les troglodytes avec le frigo sous le lit de la chambre nuptiale, dans le village souterrain aux yeux bleus, où ça boit des bières dans le décor de starwars en récup délabré, après le hamam on sent comme après le ski la piscine et l’amour … Ça y est, c’est trop pour toi Ali Baba ? Si t’as mal à la tête j’ai le médicament pour les sportkifs out the Riad de luxe : plus facile après de négocier les sandales en cuir et les tapis en laine tressés par les femmes qui détiennent toute la culture la connaissance et le savoir-faire berbère, sinon y’a le whisky marocain abdoulila, vive le whisky marocain, et puis, il y a eu la triple ration de ravioli dans l’avion, les bières à 1000 km heure au dessus de l’Algérie, jusqu’à Casablanca, où on se baigne par procuration devant le palais Hassan II en regardant les enfants en méduses chaussettes qui sautent plongent bronzent surfent vivent comme des fous dans ce brazil marocain, choukrane à Chloé la cousine de Jules pour ce banquet européen sur la terrasse palace, quittons le littoral et ses ressorts, en passant par les tajines de terre cuite, pour Mèknes et Fès avec sa kasbah labyrinthique puis les montagnes du Rif, vaches chèvres moutons, chargement incroyable des bons vieux 310d mercedes décorés à l’indienne avec des gens sur le toit qui nous doublent inch’Allah sur la route de Zoumi en pleine campagne du royaume, la brume et la panache, les ânes suffocants et les brebis, avec aussi Ismael et Abdel qu’on accompagne un temps, puis on s’assoit au café pour vous écrire, et reposer nos chaussures tunées par un cordonnier magique, on vous embrasse et vous remplit le placard de menthe magique de Chefchaouane.

…Rrehh laa …!

Tunis la goulette triple fouille triple express cinq cigarettes rastaman camarade hospitalité c’est pour votre sécurité on va vous escorter police infiltrée c’est la liberté totale mon frère Place de la libération y’a l’ambassade de France sous barbelés et char d’assaut mais c’est 130 dinars le téléphone vert moins cher que gratuit mon ami bienvenue en Tunisie tic tac boum boum huile de corne de gazelle de la médina selfie selfie warda warda sur la harissa ça va ça va mon frère après 6500km en bisclette tu ne sais pas ce que c’est que la dictature labès abdoulila chez nos amis les seigneurs du souk Azdin Ozaïer choukrane djézilane puis dans la pluie de montagne parmi les magnifiques sourires mlawi escalope méchouia sahhhA mobylette assis de côté sans casque costard bonnet acab la dernière goutte du thé au jasmin 400 millimes baguette entière en petits morceaux œuf huile d’olive harissa bouillon de viande tu mélanges tu mélanges c’est le blebi mon frère premier hammam sans taieb grace à la leçon de kesa savon vert le soir dans la chambre d’Ozaïer on sort comme des princes dans le souk tout propre pour se faire enfumer
plantes géantes vertes explosif au milieu de la steppe aride encore 10 thé avant de repartir encore on va se nomade dans l’oasis des dromadaires sauvages va se perdre à la palmeraie la tente dans les dunes cuisine berbère et chèche bleu touareg la bonne qualité le mirage à l’horizon lessive dans la cascade zone touristique pâtisserie à l’infini on va pas à Kasserine mais El Fahs Siliana Makthar Jédelienne aichek la famille de Azdin Sbeitla Gafsa Chebika Tozeur Douz c’est chaud dans le Chott et les mouches salées qui piquent plus fort que la vipère à corne du zoo chante le Muezzin depuis le phare du désert minaret psychédélique Pink Floyd dans les hôtels confiture de coing huile d’olive datte boga cidre salam Yan vive le monde arabe allez on quitte

Bisous du bled la famille